De l'amour en vrac à l'Épicerie
Samedi 14 mars, je joue à l'Épicerie, lieu coopératif, en Mayenne à Fontaine-Daniel qui dépend du bourg de St-Georges-Buttavent. C'est la première fois que j'y mets les pieds. Mais surprise quand je débarque à Fontaine-Daniel, c'est un lieu-dit atypique où vivent environ 200 âmes, ancienne cité avec ses bâtiments chargés d'histoire. Entre l'abbaye, l'étang, l'histoire ouvrière et l'extrême gentillesse de la boulangère je sens de bonnes vibrations dès les premiers pas.
La veille je me suis quand même assuré par téléphone que le concert serait maintenu. Et oui, la veille Macron annonçait les mesures de confinement à venir. On ne s'embrasse plus, on ne se touche plus, on ne se serre plus la main...
Et quel plaisir de pousser la porte de l'Épicerie. Élise m'accueille d'un grand sourire. On y trouve, en vrac, en convivialité et en circuit court, des produits locaux, de la littérature, de la bière, du café, de l'amour et autres produits de première nécessité. Le tout choisi et sélectionné avec du soin et des valeurs. On sent qu'on y aime les gens et ses voisins. On y accueille les promeneurs, les gens de passage et les curieux. Tout y est fait pour la rencontre, la discute ou juste pour boire un coup. La terrasse semble sortie d'une carte postale.
En cette fin d'après-midi, beaucoup de gens poussent la porte, comme un besoin d'être ensemble dans ce temps trop spécial.
Après quelques morceaux jouer en acoustique sur la terrasse histoire de me chauffer, il est 19h30 quand je commence à jouer auprès du poêle devant une assemblée des plus attentives. Pendant mon concert, je sens qu'il se passe un truc et pour cause, après ma dernière chanson j'apprends que Philippe (le 1er ministre pas le voisin) vient d'annoncer la fermeture de tous les troquets, bistrots, restos et autres à minuit pile, de tous nos salons quoi.
Tout le monde est sous le choc, comme abasourdis. On vient de nous couper l'herbe sous le pied même si tout le monde comprend bien l'urgence de la situation. On se regarde tous, incrédules. Après une petite pause et comme pour chasser la fatalité, je reprends ma gratte et me mets à jouer en acoustique au plus près du comptoir. Histoire de se donner du baume au cœur pour les quelques heures qu'il nous reste à passer ensemble. Et ce fût bon tous ces regards échangés, ces moments de danses et de chansons, ces percus de comptoir, ces derniers verres ensemble...
Un grand merci à Élise et Élodie pour cet accueil chaleureux. Je me souviendrai de cette soirée. A la fois pour votre lieu magique et pour ce que nous avons vécu ensemble ce soir là. Je reviens quand vous voulez. Prenez soin de vous et continuez d’œuvrer pour la proximité et la chaleur humaine. C'est une belle réponse au pessimisme ambiant. Un bel exemple d'endroit fait par les gens, avec les gens et pour les gens. Bravo !